L’Europe est traversée par de nombreuses crises – politique, migratoire, économique, sociale, culturelle. Mais cette crise généralisée, que l’on peut bien qualifier de civilisationnelle, a pour cause première la perversion des intelligences. L’esprit occidental s’est enfermé dans l’abstraction, s’est coupé du réel. À tel point qu’il sombre désormais dans les pires délires : multiculturalisme, libre-échangisme, wokisme, théorie du genre... L’intelligence européenne est bel et bien en péril de mort.
Or, précisément parce que la maladie dont nous sommes atteints est d’abord d’ordre intellectuel, il est vain de combattre les maux qui nous touchent sans combattre également les idées perverses qui en sont la cause. « Dieu se rit des hommes qui déplorent des effets dont ils chérissent les causes » disait Bossuet. Si nous voulons avoir une chance de renverser le cours de l’Histoire, nous devons réveiller nos intelligences atrophiées. Nous devons consentir à une révolution intellectuelle.
L’esprit moderne, protestant – c’est-à-dire au fond l’esprit individualiste –, le rationalisme, l’idéologie des « Lumières », le libéralisme, l’égalitarisme, assaillent nos esprits depuis cinq siècles. Il s’agit de les en chasser virilement et définitivement. Et de les remplacer par de sains principes : le primat de la communauté sur l’individu, de la tradition sur la raison, du réel sur l’abstraction, de l’ordre sur la liberté, de la hiérarchie sur l’égalité. Toutes choses que les Anciens connaissaient intuitivement, mais que les Modernes épris d’émancipation ont rejetées. Il s’agit d’en finir avec ce « christianisme sécularisé » qui a défait notre civilisation, pour nous réinscrire dans la longue tradition européenne et la véritable Tradition chrétienne, qui n’est pas celle de Luther et de Calvin, de Locke et de Bayle, du puritanisme et de la terre promise des Yankees, de l’immigrationnisme et de la moraline des hommes d’Église, mais celle de l’Église catholique et romaine fidèle aux enseignements du Christ. Il s’agit d’opposer, aux partisans de la Modernité comme à ceux de ses détracteurs qui voient dans le christianisme son origine véritable, un catholicisme vrai, vivant, viril – c’est-à-dire un catholicisme qui s’assume.
Combattons les délires actuels. Dénonçons la folie du sans-frontiérisme, du transsexualisme et des autres idéologies postmodernes. Mais, surtout, réapproprions-nous les grands principes de la tradition. Osons proclamer de nouveau que l’homme est un être de limites, et que ces limites sont indispensables à l’agir humain. Qu’elles ne sont pas des carcans, mais des orientations. Faisons nôtre cette antique et sage philosophie réaliste qui, seule, peut nous offrir une critique intégrale du monde moderne, parce qu’elle est la seule à apporter de véritables réponses aux erreurs dont ce monde est issu.
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