La notion de citoyen-soldat est-elle encore pertinente dans une société où les citoyens ne sont plus des soldats, où les valeurs militaires sont dépréciées, et le concept même de citoyenneté – tel que pouvaient l’entendre un Aristote, un Cicéron ou un Thomas d’Aquin – oublié, voire rejeté ? Une telle notion est-elle encore pertinente à une époque où il est sans cesse question de droits et jamais de devoirs, de liberté et jamais d’obligation, de jouissance et jamais de sacrifice ?
Elle est sans doute difficile à entendre. Pourtant, retrouver le sens du citoyen-soldat est une nécessité pour les combattants politiques que nous sommes : celui-ci doit, tel un mythe, nous mobiliser et animer nos luttes. « Une autre Chevalerie naîtra » disait Jean Madiran. Une autre Chevalerie, c’est-à-dire : un corps d’hommes à nouveau prêts à tous les héroïsmes, poussés par la grâce du Christ.
Certes, le citoyen d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier : il ne s’agit plus d’obéir incondition-nellement à l’État, car ce dernier est devenu l’ennemi de nos patries, par-là l’ennemi du bien commun (immigration de masse, destruction de notre identité, abandon de notre souveraineté…), et même l’ennemi de la loi naturelle, c’est-à-dire des normes les plus fondamentales de l’existence humaine (dépénalisation et promotion de l’avortement, légalisation du « mariage » homosexuel…), normes sans lesquelles il n’est pourtant de bien commun véritable.
Mais il s’agit, précisément, de demeurer fidèle à nos cités. Et de combattre pour qu’elles soient de nouveau respectées, honorées et servies. Le citoyen-soldat a encore à nous apprendre par son courage, son dévouement, son abnégation, c’est-à-dire par les vertus militaires qu’il incarne.
Et certes, il n’est plus question de prendre les armes pour défendre notre territoire face à un ennemi extérieur. Il n’est pas même question de fomenter un coup d’État, ou d’en attendre un de la part de l’armée. Mais nous devons, plus que jamais, nous armer spirituellement, afin de lutter contre l’esprit du temps qui nous corrompt : l’hédonisme, la mesquinerie, l’individualisme, la prétention de ne rien devoir à personne. Le citoyen-soldat d’aujourd’hui est l’homme qui ne transige pas avec l’esprit moderne, qui s’oppose à lui. Non par coquetterie, mais par loyauté envers ce qui le dépasse, envers sa patrie – pour un Français, par loyauté envers la France.
Les peuples d’Europe doivent, de nouveau, être des peuples en armes. « Le peuple en armes, nous dit Gonzague de Reynold, c’est le peuple discipliné, hiérarchisé, rassemblant tous ses droits en un seul devoir, tous ses intérêts en un seul sacrifice ».
Oui, il nous faut nous discipliner, nous réunir, cultiver le sens du service et entretenir la flamme. Pour l’honneur de nos patries. Pour la dignité morale de l’homme. Et pour la gloire de Dieu, Lequel est servi lorsque sa créature vit selon l’ordre qu’Il a établi.
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